LE DÉSIR COMME PUISSANCE D'ÊTRE  / THÉORIE DU CORPS AMOUREUX / INVITATION À UNE ÉROTIQUE SOLAIRE / TRAITÉ ÉNERGÉTIQUE D'ÉMANCIPATION : L'ABOLITION DE L'ESCLAVAGE MENTAL CONTINUE

« Et ce n'est qu'une sauvage et triste superstition qui interdit de prendre du plaisir. Car, en quoi convient-il mieux d'apaiser la faim et la soif que chasser la mélancolie ? Tels sont mon argument et ma conviction.

 

Aucune divinité, ni personne d'autre que l'envieux ne prend plaisir à mon impuissance et à ma peine et ne nous tient pour vertu les larmes, les sanglots, la crainte, etc., qui sont signes d'une âme (animi) impuissante. Au contraire, plus nous sommes affectés d'une plus grande joie, plus nous passons à une perfection plus grande, c'est-à-dire qu'il est d'autant plus nécessaire que nous participions de la nature divine. Or, la raison ne demande rien contre la nature, c’est donc elle-même qui demande que chacun s’aime lui-même, recherche ce qui lui est utile, et aspire à tout ce qui augmente notre perfection, et que chacun s’efforce autant qu’il est en lui de conserver son être. J'appelle vertu le fait d'agir d’après les propres lois de sa nature, et donc le fondement de la vertu est l’effort même pour conserver son être propre. C'est pourquoi, user des choses et y prendre plaisir autant qu'il se peut (non certes jusqu'au dégoût, car ce n'est plus y prendre plaisir) est d'un homme sage. C'est d'un homme sage, dis-je de réconforter et de réparer ses forces grâce à une nourriture et des boissons agréables prises avec modération, et aussi grâce aux parfums, au charme des plantes verdoyantes, de la parure, de la musique, des jeux du gymnase, des spectacles, etc. dont chacun peut user sans faire tort à autrui. Le corps humain, en effet, est composé d'un grand nombre de parties de nature différente, qui ont continuellement besoin d'une alimentation nouvelle et variée, afin que le corps soit également apte à tout ce qui peut suivre de sa nature, et par conséquent que l'esprit soit aussi également apte à comprendre plusieurs choses à la fois. Par joie j'entendrai donc la passion par laquelle l'esprit passe à une perfection plus grande ; par tristesse, au contraire, la passion par laquelle il passe à une perfection moindre. En outre, le sentiment de la joie rapporté à la fois à l'esprit et au corps, je le nomme plaisir local (tittilatio) ou Gaîté, et celui de la tristesse Douleur ou Mélancolie.

 

La cause du malheur des hommes réside dans la passivité avec laquelle ils reproduisent toujours les mêmes schémas, les mêmes comportements, les mêmes clichés. Aveugle à soi-même, incapable de remonter jusqu'aux causes de ce qui lui arrive, l'homme s'aliène dans la recherche d'objets vains et futiles : l'argent, le pouvoir, les honneurs, etc. Au lieu de s'interroger lui-même, il poursuit de faux objectifs extérieurs qui viendront calmer, croit-il son angoisse. Ainsi les hommes, à mesure qu'ils s'activent dans tous les sens, sont-ils en réalité de plus en plus passifs. Telle est en fin de compte la servitude humaine : l'impuissance à gouverner et à contenir ses sentiments, le fait de dépendre non de soi-même mais de la fortune, c'est-à-dire de subir ce qui nous arrive. Le nœud du problème, c'est donc l'homme en tant qu'il est passif. L'objet de l'idée constituant l'Esprit humain est le Corps, autrement dit un certain mode de l'étendue existant en acte et rien d'autre. C'est pourquoi cette ordonnance de la vie est parfaitement d'accord et avec nos principes inébranlables et avec la pratique (praxi) commune ; aussi, s'il existe d'autres manières de vivre, celle-ci est de toutes façons la meilleure et la plus recommandable. Si tous les hommes vivaient sous la conduite de la raison, chacun agirait selon le souverain droit de nature, c’est-à-dire ferait tout ce qui suit de la nécessité de sa nature ; mais à cause des affects, qui surpassent la puissance ou vertu de l’homme, ils se trouvent entraînés diversement, contraires les uns aux autres. Je ne prétends pas avoir rencontré la meilleure des philosophies, mais je sais que je comprends la vraie philosophie. Si vous me demandez comment je puis savoir cela, je dirai que c'est de la même manière que les trois angles d'un triangle sont égaux à deux droits : et personne ne dira que cela ne suffit pas, s'il a le cerveau sain, et s'il ne rêve pas d'esprits impurs nous inspirant des idées fausses semblables à des idées vraies : le vrai, en effet, est la marque du vrai et du faux. »

 

 

▶ Baruch SPINOZA, Éthique, IV ~ œuvre philosophique majeure rédigée en latin entre 1661 et 1675, publiée de manière posthume en 1677 pour éviter la censure religieuse catholique totalitaire et interdite l'année suivante.

 

 

LA FIN'AMOR / OCÉAN DE SAGESSE / LA LIBÉRATION PAR LES CHEMINS DE LA CONNAISSANCE / DU BONHEUR EN BARRES ! VOIE D'ÉVEIL

 


« La sagesse sexuelle arrive avec l'âge quand Bacchus supplante Éros et quand l'affection doit composer avec les caprices du coeur. On n'a pas attendu le 19e siècle pour rêver d'un certain romantisme de l'amour, ni le 20e siècle pour vivre l'érotisation des amours conjugales.
À la répression chrétienne du plaisir, l'hédoniste oppose la légitimité du sexe, avant et pendant le mariage ; à la condamnation de la chair, il se pare de son âme de lumière et oppose son épicurisme tranquille. Aux antipodes du libertinage aristocratique faisant le délice des baisodromes encerclés de Donjuanisme en plastique, sensible aux valeurs du corporel, Volcania, plein de santé, aime sa femme bien en chair ; la sexualité populaire affirme un matérialisme spontané et vivace empêtré dans les convenances, les nécessités économiques et les symboles. »

■ Jacques-Louis Menetra

 

 

 

 

 

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