« Le Rochen est un rocher de la vallée de Murg qui tourne le dos (Rucken) au château d'Eberstein, de là vient le nom de Rockenfels. Une Orcade habitait un jour une des cavernes souterraines du rocher. Elle n'était ni jeune, ni belle, mais bonne et serviable au possible. Elle venait souvent dans les veillées des paysannes du voisinage et racontait aux jeunes filles des histoires merveilleuses, et partout où elle venait la quenouille se vidait plus vite, le fil était plus menu et plus égal. — Et la voilà soudain s'empresser de prendre congé de ses auditrices pour aller arracher les orties et les emporter bien loin dans la montagne. Seul le terrain amène la vérité; retourner batifoler dans une prairie était ce qui lui tenait le plus à cœur. »
■ Aloys Wilhelm Schreiber, Manuel des voyageurs sur le Rhin (1825)
* Le cortège des intrépides nymphes oréades
Belles et chastes, ces nymphes farouches au port altier règnent sur les contrées sauvages, les forêts isolées et hantent les plus inaccessibles sommets. Compagnes de la
déesse Artémis, les Oréades peuplent la solitude des montagnes et sillonnent les sentiers montueux et les chemins escarpés de l’Etna. Retirées loin du monde, elles séjournent dans les antres frais et
sombres des rochers que le temps à ouvragé. Celui qui s'enflamme pour leur charme et ose s'aventurer dans ces lieux sacrés, sera durement châtié. L’arc à la main, ces chasseresses traquent avec
ardeur le gibier des bois de leurs flèches mortelles, à la suite de la divine Artémis. Le front couvert de sueur, épuisées par leur longue course sur les hauteurs, elles reviennent en troupe joyeuse
et triomphante. Ensemble, elles célèbrent leur retour en chantant des hymnes à la gloire de leur déesse couronnée d'un croissant de lune. Chaque jour, ces amantes des montagnes et des bois posent
leurs armes et suspendent leurs habits de chasse dans les arbres feuillus pour délasser leurs attraits dans les ondes fraîches et ombragées des naïades. Quelques-unes montent la garde pour qu'aucun
regard ne puisse surprendre la grâce et la beauté de ces nymphes pudiques et effarouchées. Quelquefois on peut apercevoir, par-delà les cimes embrumées, le cortège des Oréades armées d'arcs et de
flèches qui entoure le char d'Artémis tiré par quatre biches !
■ Zimzimcarillon