LES SIX SENS / L'HÉDONISME RESPONSABLE :                        UNE ÉTHIQUE POUR LE PLAISIR / LA PETITE MORT

« Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie. »

■ Pierre de Ronsard, Sonnets pour Hélène, 1578


« Jouis et fais jouir, sans faire de mal ni à toi ni à personne, voilà, je crois, toute la morale. »

■ Sébastien Roch Nicolas dit Chamfort (1741–1794)

 

« L'homme est né pour le plaisir : il le sent, il n'en faut point d'autre preuve. Il suit donc sa raison en se donnant au plaisir. »

Blaise Pascal (16231662)

 

« Le plaisir est le principe et la fin de la vie bienheureuse. »

 

■ ÉPICURE

 

« L'érotisme, c'est de donner au corps les prestiges de l'esprit. »

 

■ Georges Perros (19231978)

 

~~Accorder sa flûte, aller au bonheur, asperger le persil, gamahucher, caleçonner, carilloner, défriser la chicorée, avoir les doigts de pied en bouquet de violettes, enchoser, faire une politesse, glouglouter, mener le petit au cirque, faire pan-pan dans les contrevents, faire le petit train du Limousin, se faire ripoliner le candélabre, trinquer du nombril, se taper une sègue, se pignoler à la dérobée, tutoyer le pontife, ou voir les anges, baiser, niquer, fucker, ken, fourager, cartoucher le pistil : chacun a son mot pour parler du sexe, de « la chose ».

Et pourtant, dans les cinquante nuances de gris des journaux féminins ou des marronniers sur la sexualité, le sexe est trop souvent abordé sur le mode de l'intime, du solennel ou du sensationnel. Mais peut-on le limiter à cela ? Le sexe n'est-il pas drôle, taquin, intelligent, un reflet de notre société ? Ce sera l'objet de La Chose, où le sexe sera drôlement sérieux, bref, pop et porn dans les règles de l'art.

 

ANAÏS CARAYON et JOSSELIN BORDAT

 

LA PETITE MORT

 

L'orgasme.

 

Origine

 

L'origine de cette expression remonte au XVIe siècle, à l'époque d'Ambroise Paré, cet homme qui a appris sur le tas l'anatomie humaine et la chirurgie, que ce soit sur des cadavres à l'Hôtel-Dieu ou bien sur des hommes encore vivants, au cours de batailles.

À cette époque, "la petite mort" désignait la syncope ou l'étourdissement, mais aussi et surtout les frissons nerveux. La petite mort désigne aussi le sommeil... Allez ! On peut faire le lien avec le sommeil paradoxal, riche en rêves... Moment où l’érection se produit. Le suçon de la mort laisse parfois des traces.
Et au petit matin, la plupart des mâles peuvent le constater, après avoir vécu pour quelques-uns la petite mort dans ses deux sens... car le Royaume des Cieux leur appartient ! Le simple fait de se réveiller "sur la béquille" pour un homme et sans "commettre l'acte coïtal" dans le quart d’heure qui suit peut néanmoins entraîner une fuite d’huile.
En ce qui concerne l'évanouissement court, on peut effectivement l'assimiler à une 'petite' mort, contrairement à la 'grande', la vraie, la définitive.

Les heureux hommes qui ont déjà vécu ça, savent que l'orgasme provoque, de manière plus ou moins fugace, des symptômes proches de ce que désignait autrefois la locution (le 'grand' frisson).
C'est pourquoi le langage érotique se l'est appropriée puis nous l'a transmise.

 

sentence du jour : Celles et ceux qui, une fois adulte et consentant (en un seul mot) n’ont pas connu, au moins une fois "la petite mort", ne savent rien de la vraie vie !

 

« L'homme recherche le plaisir et fuit la douleur, mais une telle conduite n'a au fond rien de proprement humain; ce n'est pas un choix volontaire, c'est la tendance de tous les vivants et l'enfant n'est en ce sens rien de moins que le philosophe : il est "instinctivement attaché". »

■ Aristippe de Cyrène fut un génial philosophe grec. Disciple de Socrate à Athènes, il est le fondateur de l'école dite cyrénaïque, dont l'orientation principale est l'hédonisme.

 

« Vous avez été autrefois sauvage ici.
Ne les laissez pas vous apprivoiser. »

Isadora Duncan (1877–1927)

 

« La sensualité, c'est la mobilisation maximale des sens : on observe l'autre intensément et on écoute ses moindres bruits. »

Milan Kundera

 

« C'est ainsi qu'à peine rendue à vous-même, vous sentirez la volupté du demi-réveil, et que l'homme a été fait pour être heureux dans tous les divers états de sa vie. »

 

« Ne perdons point le temps en regrets frivoles ; et tandis que la main du printemps nous caresse encore, ne songeons point qu'elle va se retirer ; jouissons du peu de moments qui nous restent ; buvons, chantons, aimons qui nous aime ; que les jeux et les ris suivent nos pas ; que toutes les voluptés viennent, tour à tour, tantôt amuser, tantôt enchanter nos âmes ; et quelque courte que soit la vie, nous aurons vécu.
Le voluptueux aime la vie, parce qu'il a le corps sain, l'esprit libre et sans préjugés. Amant de la Nature, il en adore les beautés, parce qu'il en connaît le prix ; inaccessible au dégoût, il ne comprend pas comment ce poison mortel vient infecter nos cœurs. Au-dessus de la Fortune et de ses caprices, il a sa fortune à lui-même ; au-dessus de l'ambition, il n'a que celle d'être heureux ; au-dessus des tonnerres, Philosophe épicurien, il ne craint pas plus la foudre que la mort. »

 

« Plaisir, ingrat plaisir, c'est donc ainsi que tu traites qui t'a tout sacrifié ! Si j'ai perdu mes jours dans la volupté, ah ! rendez-les-moi, Grands Dieux, pour les reperdre encore ! »


■ Julien Offroy de La Mettrie (1709–1751) ~ extrait du livre L’Art de jouir, paru en 1751, dans lequel ce médecin hédoniste français fait l'apologie de la volupté.

 

« Ce brave organe génital est le fond des tendresses humaines; ce n'est pas la tendresse, mais c'en est le substratum comme diraient les philosophes. Jamais aucune femme n'a aimé un eunuque et si les mères chérissent les enfants plus que les pères, c'est qu'ils leur sont sortis du ventre, et le cordon ombilical de leur amour leur reste au coeur sans être coupé. Oui, tout dépend de là, quelqu'humiliés que nous en soyons. »

Gustave Flaubert, Correspondance à Louise Colet.,1852.

 

« L'heure de l'évolution d'un peuple sonne quand la femme cesse d'être esclave. »

 

■ Éva Circé-Côté (18711949). Femme de lettres québécoise, journaliste, bibliothécaire, libre-penseuse.

 

« Ta seule obligation en n'importe quelle vie est d'être vrai envers toi-même. »

 

▶ Richard Bach

 

« La morale, c’est un commandement qui nous enjoint de ne pas être naturels, d’échapper à la nature. Ne voilà-t-il pas, déjà, qui est étrange ? Pourquoi un être naturel, sans doute, qui fait partie de la nature, aurait-il pour devoir, pour règle de vie, de vivre contrairement à la nature et, à supposer qu’il le puisse, en dehors d’elle ? »

■ Auguste Émile Robin Faguet (1847 – 1916)

 

« Le sensualisme est une obligation méthodologique. Les sens permettent les seules voies d'accès possibles à l'information de la matière, donc du corps. Avec leur aide, le réel est perceptible comme effluve, son, saveur, image, impression tactile, on peut alors envisager la combinaison des sens qui produira l'intellection, la compréhension, la réflexion. »

 

■ Michel ONFRAY

 

« La première entreprise vers l’avenir se doit de supprimer l’existence d’un amour supranaturel, immatériel et divin. La présence du mythe christique doit être abolie. Le cadavre de Jésus doit cesser de s’interposer entre les hommes et les femmes. Le portrait de l’homme vivant, riche de son effort, conscient de sa puissance, doit remplacer celui du misérable condamné, de l’imparfait définitif que l’Église nous a présenté depuis des siècles. ».

 

■ Pierre Mabille

 

« Ne désire que ce qui dépend de toi. » ■ ÉPICTÈTE

 

« Hâtons-nous de succomber à la tentation, avant qu'elle ne s'éloigne ».Épicure

 

« Apprends la sagesse dans la sottise des autres. »

▶ Proverbe Japonais

 

« Tous les instants de la vie ne peuvent pas être sévères. » ■ Helvétius (l7I5 – l77I).

 

« La pudibonderie ridicule qui, sous le manteau de la pudeur, sévit dans notre Occident civilisé, n’est point contrairement aux prétentions de certains doctrinaires, l’efflorescence d’un sentiment naturel aux humains. »

— (Jean Marestan; « L’Éducation Sexuelle »; Éditions de la "Guerre Sociale", 1910)

 

« L'énergie sexuelle est la seule énergie. Si vous la condamnez, si vous la supprimez, vous commettez un crime contre l'univers, et vous ne serez jamais en mesure de connaître son ultime expression. C'est parce que vous la supprimez qu'elle devient laide et c'est ainsi que vous pouvez la condamner. »

■ David Herbert Lawrence (1885–1930)

 

 

 

 

                                    L'ESSENCE DE L'HOMME

 

« Est vrai ce qui se manifeste aux sens. L'homme existe pour connaître, pour aimer, pour vouloir. Si l'essence de l'homme est la sensibilité et non un abstrait fantomatique — l'esprit —, toutes les philosophies, toutes les religions, toutes les institutions qui contredisent ce principe ne sont pas seulement erronées, elles sont aussi fondamentalement corruptrices. Si vous voulez améliorer les hommes, rendez-les heureux; mais si vous voulez les rendre heureux, allez aux sources de tous les bonheurs, de toutes les joies aux sens. La négation des sens est à la source de toutes les folies, les méchancetés et les maladies qui peuplent la vie humaine. L'affirmation des sens est la source de la santé physique, morale et théorique. Le renoncement, la chasteté, la résignation, l'abnégation, l'abstraction rendent l'homme foncièrement maussade, renfrogné, sale, lubrique, lâche, refoulé, avare, envieux, sournois, mesquin, cassant, le plaisir des sens, à l'inverse, rend serein, courageux, noble, ouvert, épanoui, expansif, compatissant, libre, bon. Tous les hommes sont bons dans la joie, méchants dans la tristesse et la frustration; et la tristesse vient justement de ce que nous faisons l'impasse sur les sens, que celle-ci soit volontaire ou involontaire. »

■ Ludwig Andreas Feuerbach (1804–1872), philosophe allemand. Passage extrait de son
œuvre

"Contre le dualisme du corps et de l'âme, de la chair et de l'esprit" (1846).

 

 

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