VÉNUS CALLIPYGE

Que jamais l'art abstrait, qui sévit maintenant
N'enlève à vos attraits ce volume étonnant
Au temps où les faux-culs sont la majorité
Gloire à celui qui dit toute la vérité !

Votre dos perd son nom avec si bonne grâce
Qu'on ne peut s'empêcher de lui donner raison
Que ne suis-je, madame, un poète de race
Pour dire à sa louange un immortel blason

En le voyant passer, j'en eus la chair de poule
Enfin, je vins au monde et, depuis, je lui voue
Un culte véritable et, quand je perds aux boules
En embrassant Fanny, je ne pense qu'à vous

Pour obtenir, madame, un galbe de cet ordre
Vous devez torturer les gens de votre entour
Donner aux couturiers bien du fil à retordre
Et vous devez crever votre dame d'atour

C'est le duc de Bordeaux qui s'en va, tête basse
Car il ressemble au mien comme deux gouttes d'eau
S'il ressemblait au vôtre, on dirait, quand il passe
" C'est un joli garçon que le duc de Bordeaux ! "

Ne faites aucun cas des jaloux qui professent
Que vous avez placé votre orgueil un peu bas
Que vous présumez trop, en somme de vos fesses
Et surtout, par faveur, ne vous asseyez pas

Laissez-les raconter qu'en sortant de calèche
La brise a fait voler votre robe et qu'on vit
Écrite dans un cœur transpercé d'une flèche
Cette expression triviale : " À Julot pour la vie "

Laissez-les dire encor qu'à la cour d'Angleterre
Faisant la révérence aux souverains anglois
Vous êtes, patatras ! tombée assise à terre
La loi d'la pesanteur est dur', mais c'est la loi

Nul ne peut aujourd'hui trépasser sans voir Naples
A l'assaut des chefs-d'œuvre ils veulent tous courir
Mes ambitions à moi sont bien plus raisonnables:
Voir votre académie, madame, et puis mourir

Que jamais l'art abstrait, qui sévit maintenant
N'enlève à vos attraits ce volume étonnant
Au temps où les faux-culs sont la majorité
Gloire à celui qui dit toute la vérité !

■ Georges BRASSENS, Auteur-compositeur-interprète occitan (1964)

 

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         MA SOURCE

 

Je n’ai point assez du Baiser
Dont se contente tout le monde
Et la source où je veux puiser
Est plus cachée et plus profonde !

De votre bouche elle est la sœur !
En pied d’une blanche colline
J’y parviendrai, dans l’épaisseur
D’un buisson frisé qui s’incline.

Elle est fermée et l’on y boit
En écartant un peu la mousse
Avec la bouche, avec le doigt
Nulle soif ne semble plus douce.

Près de l’entrée on trouvera
Ce rocher que frappait Moïse
Et je veux que ma bouche épuise
Ce flot d’amour qui jaillira !

Car ma caresse ardente et forte
A fait monter l’onde à ses bords !
Je suis à genoux ; c’est la porte
Du sanctuaire de ton corps.

Tu palpites ; je t’y sens vivre ;
Et je sens grandir, qui m’enivre,
L’arôme secret de tes flancs !
Car j’aime tes parfums troublants

Plus que l’odeur des forêts vertes,
Plus que la rose et le jasmin,
Source vive, aux lèvres ouvertes !
Et je t’emporte dans ma main.

Senteur divine ! Et ma moustache,
Ainsi qu’un souffle d’encensoir,
Jette à mon cerveau jusqu’au soir
Ce fumet où mon cœur s’attache !

■ Henry-René-Albert-Guy de Maupassant (1850–1893)

* Nouveau Parnasse satyrique, 1866

 

Les nuits d'une demoiselle


Que c'est bon d'être demoiselle, car le soir, dans mon petit lit
Quand l'étoile Vénus étincelle, quand doucement tombe la nuit
Je me fais sucer la friandise, je me fais caresser le gardon
Je me fais empeser la chemise, je me fais picorer le bonbon
Je me fais frotter la péninsule, je me fais béliner le joyau
Je me fais remplir le vestibule, je me fais ramoner l'abricot
Je me fais farcir la mottelette, je me fais couvrir le rigondonne
Je me fais gonfler la mouflette, je me fais donner le picotin
Je me fais laminer l'écrevisse, je me fais foyer le coeur fendu

Je me fais tailler la pelisse, je me fais planter le mont velu
Je me fais briquer le casse-noisettes, je me fais mamourer le bibelot
Je me fais sabrer la sucette, je me fais reluire le berlingot
Je me fais gauler la mignardise, je me fais rafraîchir le tison
Je me fais grossir la cerise, je me fais nourrir le hérisson
Je me fais chevaucher la chosette, je me fais chatouiller le bijou
Je me fais bricoler la cliquette, je me fais gâter le matou
Et vous me demanderez peut-être ce que je fais le jour durant
Oh ! Cela tient en peu de lettres, le jour... je baise, tout simplement.
 

 

Guy Breton/Colette Renard (1963)

 

https://www.youtube.com/watch?v=zu1E2MFIgN0

 

♪  C'EST EXTRA  ♪

 

Une robe de cuir comme un fuseau
Qu'aurait du chien sans l'faire exprès
Et dedans comme un matelot
Une fille qui tangue un air anglais
C'est extra
Un Moody Blues qui chante la nuit
Comme un satin de blanc marié
Et dans le port de cette nuit
Une fille qui tangue et vient mouiller

C'est extra c'est extra
C'est extra c'est extra

Des cheveux qui tombent comme le soir
Et d'la musique en bas des reins
Ce jazz qui d'jazze dans le noir
Et ce mal qui nous fait du bien
C'est extra
Ces mains qui jouent de l'arc-en-ciel
Sur la guitare de la vie
Et puis ces cris qui montent au ciel
Comme une cigarette qui brille

C'est extra c'est extra
C'est extra c'est extra

Ces bas qui tiennent hauts perchés
Comme les cordes d'un violon
Et cette chair que vient troubler
L'archet qui coule ma chanson
C'est extra
Et sous le voile à peine clos
Cette touffe de noir jésus
Qui ruisselle dans son berceau
Comme un nageur qu'on n'attend plus

C'est extra c'est extra
C'est extra c'est extra

Une robe de cuir comme un oubli
Qu'aurait du chien sans l'faire exprès
Et dedans comme un matin gris
Une fille qui tangue et qui se tait
C'est extra
Les Moody Blues qui s'en balancent
Cet ampli qui n'veut plus rien dire
Et dans la musique du silence
Une fille qui tangue et vient mourir

 

Léo Albert Charles Antoine FERRÉ (1969)

 

 

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